Histoires à la noix
d’après 3 épisodes fameux de l’Histoire de France
Spectacle à partir de 9 ans.
Textes coécrits par Guillaume Delaveau, Régis Laroche, Stéphanie Pasquet et Vincent Vabre
avec
Régis Laroche
Stéphanie Pasquet
Vincent Vabre
Régisseur général : Yann Argenté
Régisseur plateau et accessoiriste : Vincent Rousselle
Production : Compagnie X ici, Centre dramatique national de Haute-Normandie, Centre dramatique national de Besançon Franche-Comté, Le Parvis-Scène nationale de Tarbes-Pyrénées, avec l’aide de la Ville de Malaunay.
Ce spectacle a fait l’objet d’une résidence de création à la Maison du comédien – Maria Casarès avec l’aide de la Région Poitou-Charentes.
Création à l’Espace Pierre Néhoult de Malaunay, avril 2015
Notes
Cet été-là, il pleuvait, je dus abandonner le spectacle d’ombres chinoises prévu dans le jardin. Je décidai alors d’improviser une veillée autour de la table du salon. Les enfants allaient s’y asseoir et moi je raconterais une histoire avec des noix. Elles étaient là dans un saladier, elles attendaient d’être cassées. Je les imaginais grimées autour d’une bougie. L’histoire qui me vint fut celle de la guerre, la Grande, mais vue par des êtres minuscules. Je me souviens que le personnage principal voulait déserter, et devint une étoile après son exécution. Il continua à regarder Verdun, mais d’en haut, dans l’immense, toujours minus, mais scintillant cette fois. Le théâtre qui se dégagea de cette soirée fut des plus sommaires, et malgré tout, une émotion pointa. Le lendemain matin, je constatai que l’absurdité de la guerre avait été transmise, le courage à désobéir retenu. Alors, quand une directrice de théâtre m’encouragea à mettre en scène un spectacle jeune public, je repensai à cette tentative, un soir d’été pluvieux.
Septembre 2014.
Extrait d’Histoires à la noix
Les Mutineries de 1917
Guillaume Delaveau et Régis Laroche
Le front s’est finalement stabilisé à huit kilomètres de là. Et l’Etat-major a décidé que le village, du moins ce qu’il en reste, devienne le cantonnement, la base-arrière du régiment. Les soldats dorment et mangent dans les granges, les écuries, sous des tentes. Le colonel et les officiers, à l’école.
Tous les matins, ils se réunissent dans une salle de classe. Celle des CM1 ou CM2, je crois. Sur les tables, ils déroulent des plans, déplient de grandes cartes militaires. Celle de la France, et de ses Colonies, qui servait aux leçons d’histoire-géographie, est encore accrochée au mur, à côté du tableau noir. Au fond de la pièce, une vitrine aussi reste du temps des élèves. Elle renferme toute une collection d’objets, des curiosités qui, elles, servaient aux leçons de sciences naturelles.
C’est là que vit Brou la noix, sur une étagère, à côté de quelques noisettes, marrons et chataignes dans leur bogue. Il y a une poignée de glands aussi. Ils cohabitent tous, en vrac, dans une corbeille. Ce sont les spécimens de l’automne. À leur gauche, sur un bout de bois, un écureuil empaillé est prêt à bondir, et ses yeux en pâte de verres le rendent presque vivant. Mais Brou n’en a plus peur. Le rouquin, comme elle l’appelle, était vénéré ; le maître le considérait comme le sauveur des forêts. « On lui doit la régénération des arbres ». Mais Brou, après plusieurs CM2, n’a toujours pas compris pourquoi. (…)