Prométhée selon Eschyle
Traduction du grec : Irène Bonnaud
Avec
Gérard Hardy
Wolfgang Kleinertz
Régis Laroche
Flore Lefebvre des Noëttes
Régis Lux
Nina Nkundwa
Jean-Claude Sachot
Assistanat à la mise en scène : Charlotte Bucharles
Costumes : Olga Karpinsky
Régie générale et son : Yann Argenté
Régie plateau : Vincent Rousselle
Régie lumière : Robert Vucko
Régie costumes : Alice Thomas
Réalisation des costumes : Alice Thomas, Sabine Taran, Jorn Roesing
Réalisation du décor : Ateliers du Grand T (Nantes)
Administration de production : Anne-Laurence Vesperini
Production : Compagnie X ici, Théâtre Garonne (Toulouse), Le Parvis – Scène nationale de Tarbes-Pyrénées, avec le soutien de l’ADAMI et l’aide du Conseil régional Midi-Pyrénées, du Conseil général de la Haute-Garonne et de la Ville de Toulouse.
La traduction d’Irène Bonnaud a servi de matériau principal pour le spectacle Prométhée selon Eschyle. Elle est parue aux éditions des Solitaires intempestifs en octobre 2010.
Création au Théâtre Garonne, Toulouse, en novembre 2010.
Interview par Bénédicte Namont / Théâtre Garonne
Pourquoi avoir choisi de faire retraduire le Prométhée d’Eschyle par Irène Bonnaud ?
J’ai effectué une sorte de démontage de l’œuvre, une dissection, ouvert les entrailles du chef-d’œuvre pour lire dedans. J’ai essayé de mettre en évidence ses fondements. C’est quand il a été question d’inciser le texte que j’ai fait appel à Irène. Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité d’une traduction rigoureuse pour mieux maîtriser les infidélités à venir, les « erreurs choisies ».
Tu es plasticien et scénographe de formation. Chercher à dessiner, sans rien perdre de sa poésie, l’espace mythique du châtiment, ce rocher entre ciel et terre où Prométhée est enchaîné, quel défi cela représente-t-il ?
Le théâtre d’Eschyle a été écrit pour être joué dans une architecture scénique très précise. Il en reste des vestiges. Le défi est peut-être celui de réinventer dans sa totalité un théâtre : estrade, coulisses, machines, acoustique. Il nous oblige à trouver un espace qui réponde à sa mécanique, à ses articulations. Plus tard, viennent les images qu’impose le poème. C’est la dimension aérienne et les tourments météorologiques qu’il me semblait important d’insinuer, et pour finir proposer « des études de ciel avec turbulences » autour de Prométhée.
La figure de Prométhée incarne la résistance face à la tyrannie exercée par Zeus ?
L’œuvre entretient un rapport étroit avec le politique dans le sens où elle cherche à épouvanter, à tenir à distance les comportements excessifs des hommes qui gouvernent. Comme un épouvantail éloigne les corneilles voraces, Eschyle agite une galerie de portraits tous monstrueux, inaptes à la mesure, brutaux face à la cité.
Que représente pour toi le personnage d’Io tout à fait singulier dans Prométhée, seule figure humaine, condamnée à errer à cause de la jalousie d’Héra ?
Le personnage d’Io est l’envers de Prométhée. La face pile. Si l’un est immobilisé, l’autre est errante. Si l’un est devin, l’autre est ignorante. Tous les deux sont persécutés par Zeus, et ensembles ils œuvrent à sa chute. Sans lui elle ne sait rien, sans elle il ne peut rien. C’est la personne la plus vulnérable, la plus fragile, qui détient au fond d’elle-même la force de renverser la tyrannie. Indispensable à la libération de Prométhée, elle est la seule à pouvoir inverser l’ordre des choses.
Dans ton précédent spectacle, Vie de Joseph Roulin, tu t’intéressais déjà à la figure de l’artiste. En quoi, ce spectacle a-t-il ouvert un nouveau champ de travail et préparé Prométhée ?
Travailler sur le mythe de Van Gogh influe inévitablement sur le travail de Prométhée, et plus encore quand le même comédien – Régis Laroche – prend en charge les deux figures en si peu de temps. Le travail sur la prose de Pierre Michon, sur ce texte purement narratif, a ouvert un champ d’expériences que je veux éprouver cette fois sur une œuvre vouée à la scène. A nouveau, nous allons provoquer des torsions, des retards ou des courts-circuits face à l’émission du texte ; interroger le déroulé des images avec celui de la fable énoncée. La recherche va également porter sur une contradiction : celle de détourner du spectaculaire une œuvre qui appelle la démesure.
Mai 2010